MATTHIEU LEMOUZY, PRÉSIDENT ET FONDATEUR DE L'INSTITUT EUROPÉEN DE L'ARBRE « Il reste beaucoup à faire pour sauver l'arbre, notamment le volet législatif »
MATTHIEU LEMOUZY, PRÉSIDENT ET FONDATEUR DE L'INSTITUT EUROPÉEN DE L'ARBRE, QUI A ORGANISÉ UN COLLOQUE INTITULÉ « LES ARBRES EN CONGRÈS », À BOIS-D'ARCY (78), LES JEUDI 6 ET VENDREDI 7 OCTOBRE DERNIERS (VOIR ENCADRÉ).
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Vos actions en faveur des arbres sont très nombreuses, pouvez-vous nous en dessiner les contours ?
Aujourd'hui, il est nécessaire de former les élus, décideurs, et responsables de patrimoine arboré en collectivités pour pallier au manque notoire de connaissances. Nous allons créer dans les prochains mois des formations professionnelles continues et initiales avec Tecomah (Jouy-en-Josas, 78). Les colloques nationaux ouverts aux professionnels et aux citoyens vont se multiplier pour gérer l'arbre en connaissance de cause. L'éducation à l'arbre est la clé de voûte pour réapprendre à vivre au quotidien avec nos puits à carbone. Défendre l'arbre, s'opposer à des décisions illégales d'abattage, nous l'avons fait pour les serres d'Auteuil, à Paris, par le biais de l'expertise de Christian Riboulet (expert et membre fondateur du Groupement des experts conseil en arboriculture ornementale, Gecao). Au regard du code civil, l'arbre n'est qu'un objet de droit et non un sujet de droit : la proposition de projet de loi « Arbres » est une nécessité. Il faut une loi transversale et globale lui donnant droit à exister (patrimoine vital de l'humanité, réglementation pour la profession d'arboriste-grimpeur, sanctions budgétaires pour les collectivités...).
Pourquoi cet engagement ?
Respecter l'arbre, c'est respecter l'homme. Il reste beaucoup à faire pour sauver l'arbre, notamment avec le volet législatif longtemps mis de côté. L'arbre mérite qu'on se batte pour lui. C'est un combat total et entier, de tous les jours, en toute franchise, avec respect et vérité, sans concessions ni détours en toute indépendance.
Quels sont pour vous, les principaux enjeux liés aux arbres d'ornement ?
Il s'agit de mobiliser et fédérer citoyens et élus autour de la cause de l'arbre dès l'automne 2016. Les sujets d'ornement sont en danger dans nos villes et jardins. D'innombrables preuves s'observent partout en France : tailles drastiques et inutiles, abattages intempestifs et mensongers... Le désastre arboricole français est une réalité : c'est un fléau, pas une fatalité. Pour l'enrayer il faut agir maintenant et collectivement. Cette victoire ne pourra se gagner qu'avec une mobilisation citoyenne sans précédent. Il est regrettable que les organisations, plus ou moins liées à l'arbre, soient si peu ouvertes au dialogue.
Comment fonctionne votre label de gestion de qualité de l'arbre ? Sur quel organisme de certification vous appuyez-vous ?
Ce n'est pas un label (donc pas d'organisme de certification) même s'il en a les principes. C'est un outil d'accompagnement des gestionnaires de patrimoine arboré (publics ou privés). Il est piloté par ma SARL, « Cabinet d'Études ô Paradis des Plantes ». Sa durée est de cinq ans renouvelables. Une visite de suivi est réalisée chaque année par une entreprise indépendante (qui n'est pas ma SARL). C'est une démarche globale de A à Z, elle concerne la totalité du patrimoine arboré concerné pour des questions de cohérence. Le gestionnaire est invité à progresser sans cesse et en continu, en respectant des critères et en franchissant des paliers. « Arbres d'Avenir, Gestion écologique du patrimoine arboré » est donc le premier outil d'accompagnement en gestion écologique.
Comment se démarque votre outil de gestion par rapport aux distinctions qui existent déjà, celle de l'association Arbres remarquables : bilan, recherche, étude, sauvegarde (ARBRES) ou celle du Conseil national des villes et villages fleuris (CNVVF) ?
Le label ARBRES certifie certains sujets remarquables en France. Il y a aussi le label Arbres remarquables de France, du ministère de l'Écologie, même s'il n'est plus attribué depuis quelques années. Quant au CNVVF, il n'a pas de label pour l'arbre, mais un prix attribué pour un aménagement ou un réaménagement comprenant des arbres dans une ville 4 fleurs (délivré par le ministère). Alors que notre prix national Arbre durable, patrimoine & biodiversité récompense une gestion globale et innovante, publique ou privée.
Quel regard portez-vous sur le gros travail réalisé par la Société française d'arboriculture (SFA), Gecao ou Séquoia (des arbres pour l'homme, des hommes pour l'arbre) ? Comment vous placez-vous par rapport à ces associations ?
Nous ne ferons pas le procès de SFA et Séquoia, ni aujourd'hui ni demain : l'arbre est en danger. L'heure n'est pas au bilan mais à l'action. Nous ne remettons aucunement en cause le travail réalisé par les experts et scientifiques. SFA et Séquoia organisent le rassemblement de grimpeurs-élagueurs depuis 2006. Le Gecao regroupe les experts de l'arbre. Institut Européen de l'Arbre (IEA) est une association de protection et de défense des sujets d'ornement. Nous sommes complémentaires et non adversaires.
Comment gérez-vous cette activité et celle de producteur ?
La production légumière en biodynamie est une activité saisonnière de juin à septembre. Nous sommes deux associés. Ma seconde société concerne l'activité de conseils en arboriculture ornementale (la principale), sans oublier toutes les activités associatives à but non lucratif.
Comment imaginez-vous l'avenir des plantes ornementales au regard des enjeux de société aujourd'hui ?
L'avenir de l'arbre d'ornement, et des plantes ornementales, en ville est très sombre, sans parler de la catastrophe sanitaire qui les guettent. Mais il n'est pas trop tard pour changer les choses.
Propos recueillis par Pascal Fayolle
En savoir plus : http://oparadisdesplantes.fr/
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